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Michèle Katz
Peintre

Michèle Katz
Cité des Arts
19 allée Marc Chagall
75013 Paris
01 45 86 45 49
contact



UN seul livre soutenu par LE CENTRE NATIONAL DU LIVRE 2000  : LE SCHHIBBOLETH POUR PAUL CELAN.DE JACQUES DERRIDA MONOTYPES ET LITHOGRAPHIES DE MICHELE KATZ.

LE SCHIBBOLETH
pour Paul Celan de Jacques Derrida,
lithographies et monotypes de Michèle Katz

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  • Atelier Michèle Katz, 19 Allée Marc-Chagall, 75013 Paris - Tél : 01 45 86 45 49
    Librairie Nicaise, 145 Bd Saint Germain, 75006 Paris. 01 43266238
    Site internet : arbre-de-lune.fr/katz/index.htm
    Site internet : arbre-de-lune.fr/Diffusion/katz/page1.htm
    « Des artistes et des livres » Robert Subtil. Les Passières 38 930 Chichiliane. tél : 04 76 34 38 24

    PRIX PUBLIC 2007 : 690 euros

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  • Michèle Katz
    née en 1936

    Artiste plasticienne née à Paris où elle vit et travaille toujours, Michèle Katz reçoit sa première formation artistique à l'âge de 18 ans chez André Lhote Une longue amitié la lie dès cette époque avec le peintre Édouard Pignon À New York au début des années 1960, elle découvre les peintres de l'action painting. De retour à Paris, elle participe à Mai 68 en créant des affiches Durant les années 1910, la peinture de Michèle Katz participe au vaste mouvement de redéfinition de la figuration avec notamment une série de dessins intitulée Chronique d'une femme mariée Depuis 1980, grâce à une approche technique qui lui est propre, elle crée des empreintes de corps humains, signes et traces de la mémoire (Corps de la disparition, DVD tourné en 2007) Plusieurs oeuvres tableaux, installations, performances, livres d'artistes - ont été réalisées en relation avec ses lectures d'écrivains, de poètes, Pau Celan notamment : en 2008, une vaste installation, Personne ne témoigne pour le témoin, conçue et réalisée dans la nouvelle Maison des métallos de la Ville de Pars, a rendu hommage au plus grand poète de langue allemande de l'après-guerre; soutenue par la Fondation pour la mémoire de la Shoah, l'exposition étant accompagnée d'un ouvrage, Chemins, préfacé par Jean-Luc Chalumeau (éditions Area) En 2000 est paru aussi un livre d'artiste tiré à cent exemplaires Le Schibboleth pour Paul Celan de Jacques Derrida, lithographies et monotypes de Michèle Katz Le fonds rassemble la correspondance personnelle de Michèle Katz, un abondant journal (1963-2010), des écrits et des notes diverses, des livres d'artistes, des catalogues d'expositions, des affiches Michèle Katz a également déposé les manuscrits poétiques et littéraires de son père, Pierre Katz (1911-1945)

    La lettre de l'IMEC 14, AUTOMNE 20II / Nouveaux Fonds / Abbaye d'Ardenne


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    Vient de paraître...

    CHEMINS DE MICHELE KATZ

    Textes de Jean Luc Chalumeau et Michèle Katz
    UN LIVRE D'ALIN AVILA Editions Aréa.

    A l'occasion de son exposition Personne ne témoigne pour le témoin : chemins Ainsi qu'une série de peintures Rencontre Du 8 janvier au 5 Février 2008 Michèle Katz crée pour la première fois son Installation /Performance en hommage à Paul Celan à la Maison des métallos.

    A l' occasion de cet évènement, les éditions Aréa publient l'ouvrage CHEMINS

    C'est le témoin-papier de cette Installation dans une boite noire de 160 mètres carrés avec une peinture de 20 mètres du même titre Le livre accompagné des textes de Jean Luc Chalumeau et de Michèle Katz présente l'ensemble des oeuvres de cette exposition et évoque le passé de l'artiste. Son tirage est de 2000 exemplaires, dont la moitié de la vente est à la charge de Michèle Katz.


    Description de l'ouvrage :
    Format: 28 x 21 cm; 112 pages dont un dépliant de 8 pages imprimées recto et verso. Impression en quadrichromie sur papier couché 150 g. dos carré cousu. 20 exemplaires existent en tirage de tête, numérotés et signés par l'artiste.
    Cet ouvrage est disponible dans toutes les librairies et à l'atelier de Michèle Katz Il sera en vente à la Maison des métallos du 8 Janvier au 5 Février 2008.

    Prix public du livre : 35 euros
    Envoi par poste: 6 euros

    L'Installation /Performance et l'ouvrage sont soutenus par la Fondation pour la Mémoire de la Shoah





    Présentation brève de mon travail

    Michèle Katz Novembre 2008

    Le corps humain est ce qui me fait peindre ; plus précisément, leurs traces. Les corps sont enduits d'huile, et ils se posent sur un papier, puis les traces d'huile sont recouvertes par des pigments. Suit un traitement particulier qui rend l'oeuvre très résistante. C'est donc bien de la peinture à l'huile. Mes livres, peintures sur toile ou tulle ou sur papier sont ensuite inventés en fonction de ce que raconte la trace.

    J'ai étudié avec de grands maîtres, vécu aux USA, voyagé, mais mon port d'attache est Paris. Je viens de faire en Janvier 2008 ma plus grande exposition à Paris sur 400 mètres carrés, accompagnée d'un beau livre/catalogue de 122 pages couleur : « Chemins », édité chez Aréa. J'aime les grands formats ; et souvent ils sont liés à mes créations d'Installations avec danseurs ou comédiens. Souvent des textes d'auteurs entrent petit à petit en moi et m'inspirent. Mes oeuvres ne sont pourtant jamais des décors ni des illustrations. Mes peintures ont quelquefois dix, vingt ou sept mètres, mais j'aime aussi les très petits formats qui inspirent mes livres ; par exemple ma série des petites oreilles. J'aime la couleur forte, car c'est la vie. Je travaille, avec les traces, en fabriquant ma propre peinture à la cire d'abeille. J'ai enseigné l'histoire des matériaux de la peinture.

    Après vingt ans passés jusqu'à ma dernière exposition inspirée par le sexe et de la mort, avec des poèmes de Paul Celan qui est l'inspiration de mon Installation « Personne ne témoigne pour le témoin : chemins » , en Janvier 2008, je suis inspirée par la vie, la beauté de la jeunesse, des danseurs, de l'amour dans ma récente Installation/chorégraphie « Voilé, dévoilé » inspirée par des fragments de « Le sexe et l'effroi » de Pascal Quignard en Octobre 2008.

    Ci-joint un extrait de ce qu'a écrit Jean Luc Chalumeau dans sa préface à mon livre Chemins paru en Octobre 2007

    Michèle Katz Novembre 2008

    ° voir ci dessous






    Michèle Katz

    Esthétique du désastre
    Extraits de la préface de Jean Luc Chalumeau

    Michèle Katz n'oublie jamais qu'elle est peintre. Elle n'oublie jamais non plus qu'elle appartient à une génération contemporaine de « la plus inimaginable disparition historique », (la Shoah)

    L'esthétique affirme premièrement qu'une oeuvre doit être vraie par rapport à elle-même.
    Il est nécessaire que la rigueur du sensible soit le signe d'une autre rigueur : il y a une deuxième vérité de l'objet esthétique, non plus par rapport à lui-même, mais par rapport à l'artiste il s'agit là d'une oeuvre répondant à une absolue nécessité chez celle qui l'a créée. Michèle Katz s'est littéralement faite en faisant l'ensemble de son oeuvre parce qu'elle n'a jamais cessé de s'engager, corps et âme, dans son faire chez Katz, il ne saurait y avoir deux vérités distinctes, une de l'oeuvre et une d'elle-même : C'est cela que j'appelle son style.
    l'objet esthétique répond à une troisième vérité : cet objet est vrai, par rapport au réel, dont nous savons que pour Michèle Katz il est à la fois présent et absent puisque, hantée par le thème de la disparition, c'est aux traces métaphoriques d'un désastre qu'elle s'attache.
    Michèle Katz a pu démentir Adorno parce qu'elle n'est en aucun cas « réaliste », le réalisme n'ayant jamais été synonyme de vérité...

    Dans l'espace créé par Michèle Katz, instinctivement je me recueille. Non pas parce que l'auteur de l'oeuvre est une femme mais parce que sa création est en elle-même femme une sorte de soukkah en somme, lieu de rencontre privilégié de la tradition juive que l'artiste a réinventé et adapté à son propos.
    Cette soukkah suggère des discussions à l'infini dans l'ombre, nous dit-elle, « mais ici, l'ombre n'est pas faite par la nuit, elle est faite par l'homme - même. » L'homme dont voici les pauvres traces même, introduit au réel pour y épanouir sa vérité. Car le beau est le signe du vrai, et rien n'est vrai que le beau. Tout l'art de Michèle Katz me semble là : forger une oeuvre qui assume la fonction originelle de la vérité, qui est de précéder le réel pour l'éclairer, jamais pour le répéter.

    Jean-Luc Chalumeau
    Juin 2007





    Michèle Katz 2008 Quand les mots sont des choses.

    J'ai toujours cherché l'immédiateté de la présence, même dans le années 70 , années conceptuelles. Je vois qu'aujourd'hui les jeunes artistes, ceux qui travaillent au Fresnoy, par exemple, ignorent la discursivité. Dans mon installation/performance « Personne ne témoigne pour le témoin », ses termes mêmes privilégient l'apparition immédiate au profit du discours et jamais la présence de « Personne « n'a été aussi forte. Les visiteurs ne s'y sont pas trompés... Les fragments de poèmes de Paul Clean, le roi du fragment en poésie, vont dans le même sens. Et l'espace plongé dan s l'obscurité sur 140 m² aussi. Les visiteurs ont envoyé leurs propres ombres sur la surface transparente peuplée de corps empreintes, et ils les ont pris pour eux, dans l'instant, la marche de leurs pas y suffisait.

    Dans ma dernière Installation/chorégraphie, « Voilé, dévoilé »trois danseurs dansent avec, d'une part leurs empreintes, et d'autre part, avec la projection numérique gros plans étranges et sulfureux de leurs propre corps en lévitation-danse, sur les fragments délétères tirés du texte de Pascal Quignard.

    Emile Soulier, dans son très beau texte, fait l'éloge du Fresnoy, et du travail qui s'y produit, dans le n°11 de la revue Art-Press : « de nombreux artistes s'intéressent de près au fragment d'intrigue ou au fragment de discours. En ce sens, on peut dire qu'ils se situent dans une perspective post-narrative et post-discursive. L'échantillon fascine. Il parvient dans et par son inachèvement, à instaurer quelque chose de mystérieux. Le mystère s'accompagne d'une impression de profondeur et de complexité. Le fragment dissimule autant qu'il révèle »....Semblable à ces empreintes et à ces traces que le roman policier a su élever au rang de trésors esthétiques. Semblables également aux images rêvées et aux souvenirs lacunaires, il éveille la curiosité et met en mouvement l'imaginaire et la mémoire individuels....C'est élire un point de vue au coeur du labyrinthe existentiel ».

    Il évoque « la nuit des rêveurs solitaires », où je retrouve la coloration qui est mienne, de la mélancolie.

    C'est vrai, il y a dans la prise d'empreinte du corps couvert d'huile un surgissement qui semble séparé de sa cause ; un éclair qui me fascine, après m'avoir effrayée .Et je retrouve, chez beaucoup de mes spectateurs, une sorte de terreur que je reconnais, celle de l'apparition, mystérieusement proche de la sensation de disparition. C'est la présence du corps qui jaillit par sa propre perte. Le fragment pour moi ne s'apparente pas à l "arrêt sur image" des cinéphiles, contrairement à ce qu'Emile Soulier assure. Si nous y regardons simplement, c'est l'inverse. Justement, l'éternité de l'arrêt sur image recouvre un désir de garder, un déni de fuite de ce qui va bientôt fuir. Le contraire de la trace, de l'empreinte, perte sans fin qui dénie l'éternité de tout corps visible.

    La seule contraction que je connaisse avec des mots, pour dire cet aller- et -retour fulgurant, ce sont des mots hébreux : « vehaié/hamétim».La boite noire que j'ai créée en Janvier 2008 était vraiment le lieu de cette invisible rencontre où les mots sont des choses. Les gens ont pleuré. Il m'a fallu du temps, après ce mois d'exposition où j'ai posé un si lourd projet que j'avais commencé en 1993. Le fragment c'est du performatif ; c'est la chose et le mot, l'acte et le résultat de l'acte. Yves Klein n'a absolument pas vu cela, aveuglé par sa mondanité au sens plein du terme. Et l'empreinte est du fragment, et son champs d'investigation, contrairement à ce que croient les rassis historiens de l'art, spécialisés programmés et étiquetés.

    Voilà ce que je sais apporter de nouveau, avec mes 72 ans, face à ces jeunes talents du Fresnoy qui continueront, bien après que j'aie quitté ce monde. Je suis émerveillée de savoir avant tout le monde, que moi, j'aurai commencé ce qu'ils continueront, et que je suis seule aujourd'hui à le savoir. Vertu du futur antérieur, sur laquelle je n'ai pas le temps de m'appesantir. Seulement ma pensée va vers celui, celle-ils sont peu-, qui peut-être sentent cela. Je sais aussi ce que je dois à Jasper Johns, qui m'a montré comme un chercheur scientifique montre à un autre chercheur, ce qu'il a appelé le « Too Ghostly » avec de l'huile sur sa joue, et qu'il a abandonné. Sûrement il pensait à Duchamp et sa «Tongue in the Cheek ».

    C'est parce que j'ai eu la chance de montrer « Personne ne témoigne pour le témoin : chemins » à 1.300 visiteurs que mon champs d'investigation sur le corps humain s'est, d'un coup dévoilé. « Voilé, dévoilé »mon questionnement de tout temps sur le corps humain m'emmenait à la suite. D'où l'inclinaison vers « Le sexe et l'effroi » en fragments qui ont gardé la musique de Pascal Quignard. Les danseurs dansent sur son texte.

    J'ai confronté leurs empreintes à la présence fortement dessinée dans l'espace des corps des danseurs ; puis j'ai vu les rushes des prises de vue de Claude Yvans. Magnifiques peaux vues de très près. Je sais que mon investigation du corps est en plein voyage sur scène. Le corps numérique va prendre sa juste place au milieu de ma peinture. Clarisse Bardiot dans l'article qui suit (et arrête, il me semble) celui de Emile Soulier, parle d'une « téléprésence de danseurs dotés de capteurs » de l'interactivité, d'interface en relation avec le son, la lumière, l'image, tout comme avec les autres partenaires de jeu » .Il s'agit, en effet, d'une hybridation qui ouvre d'incroyables possibilités aux sensations humaines.




    Chalumeau, Jean-Luc,
    La nouvelle figuration,Une histoire, de 1953 à nos jours, Figuration narrative, Jeune Peinture, Figuration critique, deitions Cercle d’art, 2003

    En mai 1996, Michele Katz exposait ses peintures des dix dernieres annees au Couvent des Cordeliers de Chateauroux. Nous I'avons déjà croisée, militante convaincue a la Jeune Peinture dans les annees 70. A cette époque, elle etait revoltée contre la manière dont Ie milieu de I'art, fort machiste, occultait Ie travail des artistes-femmes. Faut-il rappeler qu'en avril 1974, Ie numero special des Temps Modernes intitulé « Les femmes s'entêtent» ne put donner la parole aux femmes qui témoignaient que sous l'anonymat de leurs prénoms, tant les menaces de pressions et représailles sur les auteures étaient réelles?

    Depuis 1961, Michèle Katz avait choisi de peindre le corps comme personne avant elle ne l'avait peint. Elle évoluait dans le milieu de la Nouvelle figuration alors que sa peinture ne correspondait en rien aux travaux de ses camarades hommes, mais elle revendiquait absolument ce terme de «nouvelle figuration» pour elle-même. Elle le revendique toujours aujourd'hui: «II est clair, écrit-elle, que les femmes artistes porteuses d'une forte vérité sur le corps dans les années 70 avaient besoin de temps pour devenir auteur de leur propre corps, à plus forte raison pour l'être en tant que poètes ou peintres. En ce temps, il y a eu des fleurs bleues, des rigolotes encoocoonées, des zen, etc. Nous voulions autre chose que le misérabilisme de Richier. C'est Louise Bourgeois, aux USA, qui faisait le boulot...»

    Avec l'exposition de 1996, qui serait suivie de plusieurs autres à Paris, Michèle Katz, après avoir vécu dans les déserts et multiplié les expériences, faisait le point sur dix ans de travail. Lorsqu'elle allait au désert, celui du Sinaï par exemple, ce n'était pas la révélation d'un mystère qu'elle cherchait. Parce qu'elle était avant tout peintre, elle y était invinciblement attirée par la présence de l'énigme. Qu'est-ce qu'une énigme? «La délivrance d'un sens à mots couverts, une parole cryptée qui laisse soudain à découvert ce qui était jusque-là pur mystère. L'énigme s'oppose ainsi au mystère non pas en tant que sa négation, mais comme figure de sa manifestation cryptée.» (Marie-José Mondzain, Image, icône, économie. Seuil 1996, p. 109). Dans les «Ecritures du désert» comme dans les «Ecritures de la patience», Michèle Katz procédait par récupération de fragments d'anciennes toiles, dont la recomposition par collage sur une toile nouvelle créait la possibilité de la fulgurance d'une «parole cryptée», la seule capable d'exprimer ce qui est d'ordinaire à la fois indicible et non figurable. Voilà en quoi, pour Michèle Katz, la peinture est une utopie, mais une utopie nécessaire. C'est par elle que les fragments se (re)composent, et c'est par elle que l'artiste ne craint pas pour elle-même quelque morcellement que ce soit. Elle a travaillé en milieu hospitalier parmi des schizophrènes et sait ce que c'est que la perte d'unité dans une personne. Mais elle se sait protégée par la peinture en tant que reconstitution permanente d'une totalité perdue.

    Au milieu des années 90, Katz privilégiait l’emploi d'empreintes de corps, prises à même la peau (elle a continué par la suite). Le papier retient l'huile, et l’artiste y dépose du graphite ou du pigment ensuite fixé. Il ne lui reste plus qu'à introduire ces images achiropoïètes dans de vastes compositions dont les clefs seraient à rechercher aussi bien dans la biographie la plus intime del’artiste que dans l’histoire de l’art. «L’empreinte est un transfert», dit Michèle Katz, faisant référence à l’héritage de Marcel Duchamp, mais ajoutant aussitôt qu'elle, en tout cas, croit à la peinture «rétinienne» détestée par le célèbre joueur d'échecs parce qu'elle aime la peinture, tout simplement.

    Ces fragments sont ceux de bouches, d'oreilles ou de sexes, par exemple, mais jamais de mains («Parce que les mains sont pour moi des formes usées», explique-t-elle). Nul fétichisme ici, à la manière d'une Louise Bourgeois monumentalisant des sexes dans ses sculptures (c'est une référence pour elle, non un modèle). Michèle Katz laisse rôder son art aux marges de l’érotique et de la mort, là où se posent les questions essentielles. On comprend alors pourquoi ses tableaux portent des citations - souvent de Jabès - en guise de titres. Celle-ci par exemple: «Nos linceuls sont tissés de toutes nos solitudes", ou encore celle-ci : "Nous nous sommes dispersés sans nous voir. »

    La peinture de Michèle Katz combine avec une étonnante aisance à la fois le vieux fantasme achiropoïète de la photographie, qui remonte au moins au Voile de Véronique, et la problématique d'une peinture qui serait pure émanation spirituelle, ramenant l’image à celle de la manifestation d'une vérité originaire (c'est-à-dire la problématique définie au début du siècle par Kandinsky, Malévitch et Mondrian). Les formes, les couleurs et même les objets (comme les boîtes de médicaments à vingt-neuf alvéoles) déposés par Michèle Katz sur ses toiles des années 90 fonctionnent à la manière d'un voile qui couvre et découvre à la fois. Il faut prendre le risque de s'y perdre. C'est à cette condition que l'on aura une chance d'y entendre la parole cryptée qui s'y murmure sans répit.

    p 206 - 207 - 208


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